Ukraine : les enquêteurs de l’ONU confirment des crimes de guerre, 436 corps exhumés à Izioum
Written by admin on October 2, 2022
Alors que Kiev a exhumé ce vendredi 436 corps à Izioum, dont certains présentent des traces de tortures, des enquêteurs de l'ONU estiment que Moscou a bien commis crimes de guerre en Ukraine. Le même jour, le G7 a assuré qu'il "ne reconnaîtra jamais" les référendums d'annexion dans le Donbass.

Loin de la prudence de parole habituelle de l’ONU, des enquêteurs de l’organisation ont accusé ce vendredi Moscou d’avoir commis un “nombre considérable” de crimes de guerre dans quatre régions ukrainiennes, dans les premières semaines suivant l’invasion russe. Ils ont revanche jugé qu’il était trop tôt pour parler de crimes contre l’humanité, contrairement à ce qu’affirment des ONG et l’Ukraine.
Cette commission d’enquête de l’ONU a présenté au Conseil des droits de l’homme (CDH) les premières conclusions de son investigation sur les violations des droits humains commises à la fin de février et en mars par les forces russes dans les régions de Kiev, Tcherniguiv, Kharkiv et Soumy, situées dans le nord et nord-est de l’Ukraine. Les enquêteurs se sont penchés spécifiquement sur ces quatre régions à la suite d’une demande en ce sens faite en mai par le Conseil. Une autre résolution, adoptée en mars par le Conseil, leur demande d’enquêter dans l’ensemble du pays, et ils doivent publier un vaste rapport à ce sujet en mars 2023.
“Des crimes de guerre commis à très grande échelle”
En attendant, “sur la base des preuves recueillies par la Commission, celle-ci a conclu que des crimes de guerre ont été commis” dans ces quatre régions, a déclaré le président de la commission, Erik Mose, devant le Conseil, énumérant les bombardements russes sur des zones civiles, de nombreuses exécutions, la torture et les mauvais traitements ainsi que les violences sexuelles.
Il a précisé devant les médias que les investigations avaient “montré un nombre considérable de crimes de guerre” commis par les Russes, tandis que seuls deux cas de mauvais traitements infligés à des soldats russes par les forces ukrainiennes ont été trouvés jusqu’à présent durant la période concernée. “Il y a une différence considérable entre des crimes de guerre commis à très grande échelle d’un côté et de l’autre deux cas de mauvais traitements”, a renchéri un autre enquêteur Pablo de Greiff, interrogé par l’AFP.
Des enfants torturés
Mais “jusqu’à présent, nous n’avons pas trouvé de crimes contre l’humanité”, a expliqué M. Mose. “Nous allons poursuivre nos investigations.” Au cours des enquêtes dans ces quatre régions, la commission a visité 27 villes et localités et a interrogé plus de 150 victimes et témoins. “Nous avons été frappés par le grand nombre d’exécutions dans les régions que nous avons visitées. La Commission enquête actuellement sur ces décès dans 16 villes et lieux. Nous avons reçu des allégations crédibles concernant de nombreux autres cas d’exécutions”, a déclaré M. Mose devant le Conseil. Les corps retrouvés ont pour caractéristiques communes d’avoir des signes visibles d’exécutions, tels que des mains attachées derrière le dos, des blessures par balle à la tête ou des gorges tranchées.
La commission a également dénoncé l’utilisation par la Russie d'”armes explosives à large rayon d’impact” sur des zones civiles, ainsi que la torture perpétrée en détention, y compris d’enfants. Certaines victimes ont également indiqué avoir été détenues pendant des semaines en Russie, tandis que d’autres y ont disparu. “Les interlocuteurs ont décrit des passages à tabac, des chocs électriques et une nudité forcée, ainsi que d’autres types de violations dans ces lieux de détention”, a souligné M. Mose. Des cas de violences sexuelles, y compris sur des enfants, ont également été rapportés aux enquêteurs de l’ONU.
436 corps exhumés à Izioum
Le même jour, les autorités ukrainiennes ont justement exhumé 436 cadavres enterrés dans une forêt près de la ville d’Izioum reprise aux Russes, et certains d’entre eux présentaient des “signes de torture”, a annoncé le gouverneur de la région de Kharkiv. “La plupart présentent des signes de mort violente et 30 présentent des signes de torture”, a indiqué Oleg Sinegoubov.
“Il y a des corps avec une corde autour du cou, avec les mains liées, avec des membres cassés ou des blessures par balle. Plusieurs hommes ont leur organes génitaux amputés“, a poursuivi M. Sinegoubov, évoquant “la preuve des terribles tortures” subies par la population selon lui.
Plusieurs centaines de tombes surmontées d’une croix et une fosse commune avaient été découvertes mi-septembre proche de la ville d’Izioum, qui a été sous occupation russe pendant plusieurs mois avant d’être reprise par les forces ukrainiennes. Le police ukrainienne avait également affirmé avoir découvert des “salles de torture” dans la région, y compris à Izioum. Moscou nie avoir commis ces crimes et a qualifié la découverte des tombes à Izioum de “mensonge”.
Le G7 ne reconnaîtra “jamais” les référendums d’annexion
Ce vendredi soir, alors que les référendums d’annexion ont commencé dans le Donbass, les leaders du G7 ont “fortement condamné” ces “faux” scrutins organisés par la Russie dans les territoires qu’elle occupe en Ukraine. “Nous ne reconnaîtrons jamais ces référendums qui semblent être un pas vers une annexion russe”, ni “une prétendue annexion si elle a lieu”, ont-ils affirmé dans un communiqué diffusé par l’Allemagne qui assure la présidence du groupe cette année.